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Authors: Pierre Vallaud

Tags: #Histoire

Chronologie Des Rois De France (4 page)

BOOK: Chronologie Des Rois De France
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Tous deux rendent aux églises une partie des biens qui leur avaient été enlevés par Charles Martel, réforment la discipline ecclésiastique à l’occasion de plusieurs conciles (743-747). Carloman s’étant fait moine (ou y ayant été forcé en 747), Pépin gouverne seul. Il doit faire face aux intrigues de Grifon, fils naturel de Charles Martel, qui se fait reconnaître duc de Bavière avant d’être battu et de se voir confier Le Mans en dédommagement.

Soutenu par le pape Zacharie, Pépin profite de sa position de force pour convoquer une assemblée à Soissons en 752 et déposer devant elle. Le dernier roi mérovingien, Childéric III, se retrouve enfermé dans une abbaye et Pépin se fait proclamer roi des Francs puis sacrer par les évêques. Sacré une nouvelle fois par le pape Étienne II à Saint-Denis (755), Pépin inaugure la monarchie de droit divin et noue pour longtemps une solide alliance entre Rome et la royauté franque.

Afin de remercier la papauté, il mène deux expéditions militaires contre les Lombards et les force à céder, en 756, au Saint-Siège, l’exarchat byzantin de Ravenne qu’ils venaient de conquérir, origine des États pontificaux (ils existeront jusqu’en 1870).

Il défend les frontières du royaume. Il bat les Saxons et les Bavarois, reconquiert Narbonne et le sud de la Gaule sur les Arabes (759), et achève de soumettre les Aquitains révolt és. En effet, le duc Hunald avait été vaincu mais son fils Waïfre continuait la lutte, qui dura huit ans (760-768). Chaque année, les Francs passent la Loire, pillent le pays et ce n’est qu’après un long moment et l’assassinat de Waïfre par un des siens que Pépin est aussi considéré comme le chef du midi de la Gaule. Il étend les rapports vassaliques par les serments de fidélité.

Il meurt en 768, plus puissant que ne l’avaient été Clovis et Dagobert. Ayant solidement établi son autorité, il a préparé l’œuvre de son fils, Charlemagne.

À sa mort, son royaume est partagé entre ses deux fils, Charlemagne et Carloman, nés de son union avec Berthe au Grand Pied, fille du comte de Laon.

CHARLEMAGNE (OU CHARLES LE GRAND)

v. 688 - Quierzy-sur-Oise, 741

Roi des Francs (768-814) et des Lombards (774-814) et empereur d’Occident (800-814)

Charles I
er
, plus connu sous le nom de Charlemagne (du latin
Carolus Magnus
, Charles le Grand), est l’un des souverains les plus célèbres du Moyen Âge. Il est l’un de ces hommes qui, tels César ou Alexandre, laissent un souvenir impérissable. Personnage historique et légendaire, « père de l’Europe », il donne son nom à la dynastie fondée par son père, Pépin : les Carolingiens.

 

FILS AÎNÉ de Pépin le Bref et de Berthe (dite au Grand Pied), il succède à son père, conjointement avec Carloman (768). Il ne s’entend guère avec son frère, mais la mort prématur ée de Carloman (771) met fin à toute querelle. Charles, devenu seul roi des Francs, annexe le royaume des Lombards en Italie du Nord et se fait le protecteur des papes. Sa lutte contre l’Espagne musulmane s’étale sur plus de vingt ans (778-802) et aboutit au contrôle de la Catalogne et de la Navarre. L’expédition de 778 est à l’origine de la légende de Roland, commandant de l’arri ère-garde de Charlemagne écrasée à Roncevaux par des Gascons (Basques).

Dépeint comme fort, intelligent et intrépide, Charlemagne quitte rarement son cheval et son épée. Les guerres les plus rudes se livrent en Germanie. La Bavière annexée (788), Charlemagne mène une lutte acharnée contre les Saxons, païens qui menacent son royaume à l’est. La guerre de Saxe dure trente-trois ans et se termine par une victoire des Francs. Quatre mille Saxons sont décapités à Verden (782). Les Saxons sont convertis de force au christianisme. Afin de consolider ses frontières, il annexe la Frise (Pays-Bas actuels) et mène des campagnes contre les Avars, installés en Hongrie. Grand conquérant, il participe à dix-huit expéditions contre les Saxons, six contre les Arabes, autant contre les Lombards, finissant par dominer une grande partie de l’Occident.

Aux limites de ses conquêtes sont établies les « marches », zones de protection solidement gardées par l’armée. Afin de protéger la Bavière des Avars, par exemple, un pays frontière, une marche est créée sous le nom de « pays de l’Est » (
Österreich
, Autriche). De même, la marche d’Espagne correspond au comté de Barcelone, la marche de Gascogne au futur royaume de Navarre. Ces marches sont placées sous la direction de chefs spéciaux. La domination de Charlemagne est européenne. Elle comprend la Gaule, le nord de l’Espagne jusqu’à l’Èbre, la plus grande partie de l’Italie, jusqu’au Garigliano; la Germanie jusqu’à l’Elbe et aux montagnes de la Bohême ; la vallée du Danube jusqu’à l’un des plus importants affluents de ce fleuve, l’actuelle Tisza en Hongrie. Même au-del à de l’Elbe, des populations sauvages, les Wiltzes, les Obotrites payent tribut. Les révoltes sont réprimées et, partout, cent peuples divers, quoique régis par leurs lois particulières, relèvent en dernier ressort de la seule autorité de Charlemagne.

Après trente-deux ans (plaid général), les comtes sont rétribués de leur travail par des bienfaits. La hiérarchie ecclésiastique est aussi mise au service du pays, Charlemagne n’hésitant pas à nommer les évêques. Allant deux par deux (un comte et un évêque), les
missi dominici
(envoyés du maître) circulent dans les provinces afin de veiller à l’application des décisions de l’empereur, consignées dans les « capitulaires ». Ils écoutent les réclamations du peuple, jugent les grands procès. Pour remédier au trop petit nombre de fonctionnaires, Charlemagne développe les liens d’homme à homme à tous les échelons de la société (vassa lité). Régulièrement, il tient les assemblées ordinaires chez les Francs, mais il y introduit de grands changements. Évêques, ducs, comtes, séparés de la multitude, délibèrent seuls. Pendant ce temps, l’empereur reçoit ceux qui le souhaitent. C’est dans ces assemblées qu’il publie ces ordonnances dites « capitulaires ».

Charlemagne recrute son armée parmi les hommes libres, qui doivent s’équiper à leurs frais. Tout propriétaire de quatre métairies au moins doit, au premier appel, se présenter devant le roi armé. Celui qui possède au moins douze manses doit amener un cheval et avoir le casque et le haubert. Ainsi se constituent l’infanterie et la cavalerie.

Défenseur du christianisme, Charlemagne est le premier roi franc à aller en personne à Rome (Pâques 774). Souverain chrétien de presque toute l’Europe, il est, le 25 décembre 800, couronné par le pape. Il étend la juridiction de l’Église, introduit le chant grégorien (ou romain) dans les offices, impose à chaque paroisse l’obligation de donner à son église la dîme, ou dixième partie des produits de sa terre.

Charles est également le maître d’œuvre de plusieurs travaux d’art. Il fait bâtir un pont de bois sur le Rhin, à Mayence, des palais à Francfort-sur-le-Main, à Schelestadt, à Ratisbonne, à Magdebourg et surtout à Aix-la-Chapelle, où il fait élever une basilique.

Autodidacte, féru de poésie latine et lisant le grec, l’empereur est à l’origine d’une renaissance intellectuelle conçue pour les laïcs comme pour les clercs. Il encourage le renouveau des études en créant des écoles et en faisant venir à sa cour les meilleurs savants de son temps comme l’illustre Alcuin, diacre né à York et attiré en France par les libéralit és de l’empereur. Les autres s’appellent Eginhard, historien de Charlemagne, Théodulf, évêque d’Orléans et l’un des meilleurs poètes de son temps. Charlemagne étudie aussi la langue germaine et en fait rédiger une grammaire. Le rayonnement culturel de l’empereur devient si grand qu’il parvient jusqu’au grand calife Haroun al-Rashid, qui envoie à Charlemagne présents et ambassades.

Charlemagne a eu quatre épouses et au moins cinq concubines, dont il a eu seize enfants. Dès 806, il prévoit le partage de son empire entre les trois fils nés de son mariage avec Hildegarde, sa troisième épouse, mais Pépin meurt en 810 et Charles en 811. Seul reste Louis.

CARLOMAN

v. 751 - Samoussy (près de Laon), 771

 

FILS CADET de Pépin le Bref et frère de Charlemagne, il reçoit du pape Étienne II l’onction royale avec son père et son frère (755).

À la mort de son père, il hérite d’une partie du royaume comprenant l’Austrasie notamment.

À sa mort, Charlemagne se saisit de ses territoires et enferme ses deux fils dans un monastère après avoir battu Didier, roi des Lombards et beau-père de Carloman, auprès duquel les enfants s’étaient réfugiés avec leur mère, Gerberge.

LOUIS I
er
LE PIEUX (OU LE DÉBONNAIRE)

Chasseneuil, 778 - près d’Ingelheim, 840

Empereur d’Occident (814-840)

À la suite du grand règne précédent, Louis le Pieux maintient une certaine stabilité dans l’empire français et exerce un règne marqué par une forte influence des prélats. Déposé, rétabli, renvers é, à nouveau rétabli, il ne donne pas l’image d’un grand souverain.

 

TROISIÈME FILS de Charlemagne et d’Hildegarde, Louis devient roi d’Aquitaine dès 781, puis est associé au trône par son père en 813, après la mort de ses deux frères. Il est sacré empereur, avec son épouse Ermengarde, à Reims, par le pape Étienne IV, en 816.

La mort de ses frères, les uns après les autres, lui permet de rassembler l’empire divisé de son père. Mais Louis, dit aussi « le Débonnaire », n’est pas assez ferme pour protéger longtemps l’unité recouvrée des ambitions et des jalousies de ses trois fils : Lothaire (I
er
), Louis (I
er
le Germanique) et Pépin (I
er
). Dès 817, d’ailleurs, il favorise le partage, de son vivant, de ses royaumes entre eux.

À Lothaire revient l’Austrasie, à Louis la Bavière et à Pépin l’Aquitaine. Quant à Bernard, neveu de Louis I
er
le Pieux et petit-fils de Charlemagne, il ne lui reste que l’Italie. Cette décision provoque sa révolte. Vaincu par l’empereur, il a les yeux crevés et meurt en 818. Louis I
er
, profondément chrétien, est pris de remords. Il fait pénitence publique à Attigny, devant les Grands de l’empire, ce qui affaiblit son prestige. Les difficultés pour régler sa succession s’aggravent alors. Veuf de sa première femme, Ermengarde, en 818, Louis I
er
s’est remarié en 819 avec Judith de Bavière, dont il sera trop souvent le jouet. La naissance d’un quatrième fils, issu de l’union avec Judith (Charles II le Chauve), remet le partage en question. Louis donne à Charles, en 829, les provinces entre le Rhône et le Rhin.

S’estimant lésé, Lothaire, soutenu par les peuples, se révolte en 830. Il contraint Louis à se plier à ses conditions à l’assemblée de Compiègne. Il l’oblige à éloigner le plus détesté de ses conseillers, Bernard, duc de Septimanie, et à faire enfermer Judith. Le roi en personne doit se retirer dans un cloître.

Jaloux des nouveaux pouvoirs de Lothaire, ses frères se réunissent à l’assemblée de Nimègue (831). Louis le Pieux est rétabli dans tous ses honneurs et Judith rappelée. Lothaire vaincu, dépouillé du titre impérial, doit se retirer en Italie.

N’ayant pu recouvrer toute son autorité, le roi affiche toujours une préférence ostentatoire pour son plus jeune fils. Les aînés se révoltent donc une seconde fois, en 833. L’empereur se retrouve à nouveau dégradé et humilié au Champ du Mensonge. Une nouvelle fois, les enfants victorieux se divisent. Refusant de s’incliner devant Lothaire, Louis le Germanique et Pépin travaillent au retour de Louis le Pieux et le réhabilitent en 834. Survient alors la mort de Pépin, qui laisse un fils. Louis l’écarte de son dernier partage, qui favorise toujours Charles de façon outrancière. Louis le Germanique, réduit à régner sur la Bavière, prend les armes. L’empereur vieux et malade, marchant contre lui, meurt. À sa mort s’engage une guerre entre tous les héritiers, qui conduit au partage de l’Empire.

Sous le règne de Louis, l’Empire connaît un essor culturel. Il poursuit la renaissance carolingienne sur les plans administratif, religieux et intellectuel.

Au niveau militaire, Louis le Pieux achève les conquêtes de Charlemagne en soumettant les Bretons, les Saxons et les Slaves de Pannonie. Dès le règne de Louis le Pieux, l’empire franc marque des signes de déclin. Ils tiennent au talent moindre de l’empereur, mais aussi aux difficultés de contrôler un si vaste territoire (les leudes sont de plus en plus puissants et indépendants) et à l’apparition de menaces extérieures : l’invasion des Normands et l’assaut des nouveaux barbares.

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