Read Meurtres en majuscules Online

Authors: Hannah,Sophie

Tags: #Policier

Meurtres en majuscules (26 page)

BOOK: Meurtres en majuscules
11.21Mb size Format: txt, pdf, ePub
ads

— Qui vous a donné ces instructions ?

— Jennie.

— Et c’est également Jennie qui vous a demandé de glisser les clefs des chambres dans la poche de Nancy Ducane ?

— En effet, répondit Kidd d’un ton maussade. Je me demande pourquoi vous me posez ces questions alors qu’elle vient juste d’y répondre.

— Je l’expliquerai en temps utile. Bon. Selon le plan initial, comme Jennie nous l’a déclaré tout à l’heure, les clefs des chambres, 121, 238 et 317 devaient être emportées de la chambre de Richard Negus par Jennie après qu’elle l’eut tué, et confiées ensuite à Samuel Kidd, qui les placerait dans un endroit incri
minant Nancy Ducane. En l’occurrence, ce fut dans la poche de son manteau. Mais selon son récit, Jennie Hobbs ne se rendit pas à l’hôtel Bloxham le soir des meurtres. Le courage lui manqua. Par conséquent, je vous le demande, monsieur Kidd : comment vous êtes-vous procuré les clefs des chambres 121 et 317 ?

— Comment… comment je me suis procuré les deux clefs ?

— Oui. C’est bien la question que je vous ai posée. Veuillez y répondre.

— Eh bien je… si vous voulez savoir, je me suis débrouillé tout seul. J’ai glissé un mot à un employé de l’hôtel, qui a bien voulu me procurer un passe-partout. Je le lui ai rendu ensuite, après m’en être servi. Ni vu ni connu.

Je me tenais assez près de Poirot pour entendre son claquement de langue désapprobateur.

— Quel employé, monsieur ? Ils sont tous présents dans cette salle. Désignez-nous donc celui qui vous a prêté ce passe-partout, je vous prie.

— Je ne m’en souviens pas. Un homme, c’est tout ce que je puis vous dire. Je ne suis pas physionomiste.

En disant cela, Kidd frotta du pouce et de l’index les éraflures rouges qui lui zébraient le visage.

— Donc vous vous êtes introduit dans les trois chambres à l’aide de ce passe-partout ?

— Non, seulement dans la chambre 238. C’était dans celle-ci que Jennie devait récupérer les trois clefs, mais je n’en ai trouvé que deux. Comme vous l’avez dit, la troisième était cachée derrière un carreau de la cheminée. Je n’ai pas eu envie de m’attarder pour fouiller la chambre à la recherche de la troisième clef, avec le cadavre de M. Negus qui gisait là.

— Vous mentez, décréta Poirot. Qu’importe. En temps voulu, vous découvrirez que vous ne pourrez vous sortir de cette fâcheuse situation en mentant. Mais continuons. Non, ne vous asseyez pas. J’ai une
autre question à vous poser, ainsi qu’à Jennie Hobbs. Le petit numéro que Jennie m’a fait en simulant une peur panique au Pleasant’s Coffee House juste après 19 h 30 le soir des meurtres faisait bien partie du plan, n’est-ce pas ?

— Oui, confirma Jennie en rivant ses yeux à ceux de Samuel Kidd au lieu de regarder Poirot.

— Pardonnez-moi, mais une chose m’échappe, une chose essentielle, remarqua Poirot. Vous aviez trop peur pour mettre le plan à exécution, m’avez-vous dit, et donc vous n’êtes pas arrivée à l’hôtel à 18 heures. Pourtant le plan s’est déroulé sans vous, semble-t-il. À part que Richard Negus s’est supprimé en versant lui-même le poison dans son verre, à votre place. Tout ce que j’ai dit jusque-là est-il correct, mademoiselle ?

— Oui.

— Dans ce cas, si c’est là le seul manquement au plan initial, nous pouvons supposer que les morts ont eu lieu comme prévu : après le service de la collation, entre 19 h 15 et 20 heures. C’est cela, mademoiselle Hobbs ?

— En effet, confirma Jennie, quoique d’un ton moins assuré.

— Alors comment le plan a-t-il pu prévoir au départ que c’était à vous de tuer Richard Negus ? Vous nous avez dit que vous aviez l’intention de vous rendre au Pleasant’s Coffee House peu après 19 h 30 ce même soir, sachant que j’y serais comme chaque jeudi soir pour dîner. Or quel que soit le moyen de transport, il est impossible de faire le trajet de l’hôtel Bloxham au Pleasant’s Coffee House en moins d’une demi-heure. Donc, même si Ida Gransbury avait tué Harriet Sippel et que Richard Negus avait tué Ida Gransbury peu après 19 h 15, vous n’auriez pas eu le temps de tuer Richard Negus dans la chambre 238 dans la foulée pour arriver ensuite au Pleasant’s comme vous l’avez fait jeudi soir dernier. Devons-nous croire que dans
tout le programme établi par vos soins avec autant de précision, aucun de vous n’a songé à cette impossibilité pratique ?

Jennie avait blêmi. Et je sentis que moi aussi, j’avais dû changer de couleur.

La faille que Poirot venait de pointer dans le compte rendu de Jennie était évidente, pourtant je ne l’avais pas repérée. Cela ne m’avait tout simplement pas traversé l’esprit.

23

La vraie Ida Gransbury

Samuel Kidd partit d’un rire goguenard et se tourna vers l’assemblée comme pour la prendre à témoin.

— Monsieur Poirot, pour un homme qui se flatte d’être perspicace, vous n’êtes décidément pas très doué. J’ai entendu Jennie parler de tout cela bien plus souvent que vous. Le plan ne prévoyait pas que les meurtres aient lieu après 19 h 15. J’ignore d’où vous vient cette idée. Ils devaient advenir juste après 18 heures. Le service d’une collation à 19 h 15 n’en faisait pas non plus partie.

— C’est juste, renchérit Jennie en saisissant la perche que lui tendait son ex-fiancé, retrouvant du même coup un peu d’aplomb. Le fait que je n’étais pas là à 18 heures comme convenu a dû entraîner un certain retard. Les autres en auront sûrement discuté, comme je l’aurais fait à leur place, en essayant de trouver comment mettre le plan à exécution malgré tout. Cette discussion aura sans doute pris quelque temps.

— Bien sûr… Pourtant vous ne m’avez pas corrigé tout à l’heure, quand j’ai supposé que les morts étaient survenues comme prévu, entre 19 h 15 et 20 heures.
Et vous n’avez pas non plus souligné que cette collation ne faisait pas partie du plan.

— Désolée. J’aurais dû vous reprendre, s’excusa Jennie. Je… je m’y perds un peu. Tout cela est tellement accablant.

— Vous prétendez maintenant que selon le plan, les trois meurtres devaient avoir lieu à 18 heures ?

— Oui, et tout devait être terminé à 18 h 45 afin que je puisse arriver au Pleasant’s à 19 h 30.

— Dans ce cas, j’ai une autre question à vous poser, mademoiselle. Pourquoi le plan initial exigeait-il de M. Kidd qu’il attende une heure, une fois que Harriet, d’Ida et Richard seraient morts et que vous auriez quitté l’hôtel, avant de déposer le mot sur le comptoir de la réception ? Pourquoi ne pas avoir convenu que M. Kidd le fasse à 19 h 15, ou même 19 h 30 ? Pourquoi 20 heures ?

Jennie tressaillit, puis releva le menton d’un air de défi.

— Pourquoi pas 20 heures ? rétorqua-t-elle. Quel mal y avait-il à attendre un peu ?

— Vous posez des questions saugrenues, monsieur Poirot, remarqua Sam Kidd.

— Il n’y a aucun mal à prendre son temps, mademoiselle… nous sommes bien d’accord. Ce qui nous amène à nous demander : pourquoi laisser un mot ? Quel intérêt ? Pourquoi ne pas attendre que les femmes de chambre découvrent les trois cadavres le lendemain matin ? Jennie ? Ne regardez pas Samuel Kidd. Regardez-moi donc quand je vous parle et répondez à la question.

— Je… Je ne sais pas ! Peut-être que Richard…

— Non ! Pas de peut-être que Richard ! la coupa Poirot en élevant la voix. Si vous ne voulez pas répondre à ma question, permettez-moi de le faire à votre place. Vous avez dit à M. Kidd de déposer le mot à la réception juste après 20 heures parce qu’il
fallait absolument que les meurtres semblent avoir été commis entre 19 h 15 et 20 heures ! Cela fait depuis toujours partie du plan !

Poirot se tourna de nouveau pour s’adresser à la foule silencieuse et stupéfiée :

— Réfléchissons au sujet de cette collation qui fut commandée et servie à la chambre 317, celle d’Ida Gransbury. Imaginons nos trois victimes volontaires. Déconcertées par l’absence de Jennie Hobbs, elles ne savent que faire. Alors elles se réunissent dans la chambre d’Ida Gransbury pour aviser. Catchpool, si vous deviez vous faire tuer en paiement d’un ancien forfait, auriez-vous envie de manger des scones et des gâteaux juste avant votre exécution ?

— Non. Je serais bien trop nerveux pour manger ou boire quoi que ce soit.

— Peut-être que notre trio d’exécuteurs des hautes œuvres trouvait important de prendre des forces en vue de la tâche qui les attendait, avança Poirot. Ils auraient donc commandé cette collation, mais une fois les plateaux servis, auraient perdu tout appétit. Bon, mais alors, où est passée toute cette nourriture ?

— C’est à moi que vous posez la question ? s’étonna Jennie. Comment le saurais-je puisque je n’y étais pas ?

— Revenons au déroulement de ces meurtres, dit Poirot. Selon le médecin de la police, dans les trois cas, la mort est intervenue entre 16 heures et 20 h 30. Certaines preuves indirectes collectées plus tard ont réduit ce laps de temps entre 19 h 15 et 20 h 10. Eh bien examinons-les, ces preuves indirectes. Le serveur Rafal Bobak a vu les trois victimes en vie à 19 h 15, lorsqu’il a servi la collation commandée à la chambre 317 ; et Thomas Brignell a vu Richard Negus en vie à 19 h 30 dans le grand hall de l’hôtel, quand Negus, après l’avoir complimenté sur son efficacité, l’a prié de faire porter sur sa note le prix de la collation et
lui a commandé un sherry. Apparemment, aucun des meurtres n’avait donc été perpétré avant 19 h 15, et celui de Richard Negus ne pouvait avoir été commis avant 19 h 30.

» Cependant, plusieurs détails ne collent pas avec l’ensemble. Tout d’abord, la disparition de la collation, dont nous savons qu’elle n’a été mangée par aucune des trois victimes. À mon humble avis, quelqu’un qui s’apprête à tuer pour la première fois de sa vie a autre chose en tête que de se sustenter. Alors pourquoi commander cette collation que personne n’a l’intention de manger, si ce n’est pour établir devant témoin que vous êtes en vie à 19 h 15 ? Et pourquoi fallait-il absolument que nos trois victimes soient vues encore en vie à cette heure précisément ? Je ne vois qu’une seule explication plausible correspondant à l’histoire de Jennie Hobbs : si nos conspirateurs avaient su de source sûre que Nancy Ducane n’avait pas d’alibi crédible entre 19 h 15 et 20 h 15, ils auraient pu vouloir faire croire que c’était à ce moment-là que les meurtres avaient été commis. Mais Nancy Ducane a justement un très solide alibi durant ce laps de temps, n’est-ce pas, lady Wallace ?

Louisa Wallace se leva.

— En effet, confirma-t-elle. Ce soir-là, elle dînait chez nous, et elle est restée en notre compagnie jusqu’à environ 22 heures.

— Merci beaucoup, madame. Alors, je ne vois qu’une seule raison pour laquelle il était d’une importance vitale de faire croire que ces trois morts avaient eu lieu entre 19 h 15 et 20 h 10 : cela fournissait à Jennie Hobbs un alibi irréfutable, et pour cause, puisqu’entre 19 h 35 et 19 h 50, elle était avec moi, au Pleasant’s Coffee House. Elle ne pouvait donc se trouver entre 19 h 15 et 20 h 10 à l’hôtel Bloxham, étant donné la durée du trajet entre les deux établissements, que j’ai déjà évoquée.

» Je réunis tous ces éléments avec la conviction que les trois morts n’ont pas eu lieu entre 19 h 15 et 20 h 10, et je commence à m’interroger : pourquoi se donner autant de mal pour faire croire que Jennie Hobbs n’a pu commettre ces meurtres, si ce n’est parce qu’elle les a effectivement commis ?

Jennie se leva d’un bond.

— Je n’ai tué personne ! Je le jure ! Ils sont morts entre 19 h 15 et 20 heures et tout le monde en est persuadé, sauf vous !

— Asseyez-vous et gardez le silence, mademoiselle Hobbs. Contentez-vous dorénavant de répondre à mes questions, répliqua Poirot d’un ton sec.

— Cessez vos manigances, monsieur Poirot ! protesta Samuel Kidd en écumant de rage. Comment pouvez-vous affirmer qu’ils n’ont pas commandé cette collation ? Qu’en savez-vous ?

— Alors pourquoi n’ont-ils pas mangé ce qu’on leur a servi, monsieur Kidd ? demandai-je. Où sont donc passés tous ces sandwichs, ces scones, ces gâteaux ?

— Les meilleurs de Londres ! murmura Luca Lazzari.

— Je m’en vais vous le dire, Catchpool, dit Poirot. Concernant la collation, notre meurtrier a commis une erreur, une parmi tant d’autres. Si la nourriture servie avait été retrouvée par la police, il n’y aurait pas eu de mystère. On aurait supposé que le tueur avait interrompu cette joyeuse réunion avant que les agapes puissent commencer. Mais le tueur se dit que toute cette nourriture intacte risque d’éveiller les soupçons. Il souhaite que personne ne se pose la question suivante : pourquoi commander une collation pour ensuite n’y pas toucher ?

— Alors que sont devenus les sandwichs, les scones, les gâteaux ? répétai-je. Où sont-ils passés ?

— Les conspirateurs les ont débarrassés. Car il s’agit bien là de conspiration, mesdames et messieurs.
Il en fallait une pour commettre ces trois meurtres ! Au cas où je n’aurais pas été assez clair : Harriet Sippel, Ida Gransbury et Richard Negus étaient tous morts bien avant 19 h 15, le jeudi en question.

Luca Lazzari s’avança.

— Monsieur Poirot, veuillez m’excuser, mais je me permets d’affirmer que jamais Rafal Bobak, un employé modèle, ne mentirait. Or quand il a servi la collation à 19 h 15, il a vu les trois victimes en vie et en bonne forme. En vie et en bonne forme ! Donc vous devez vous tromper.

— Non, monsieur Lazzari, je ne me trompe pas. Mais vous avez raison sur un point : votre serveur Rafal Bobak est en vérité un témoin exemplaire. Certes il a vu trois personnes dans la chambre 317 quand il a servi la collation, mais ces trois personnes n’étaient pas Harriet Sippel, Ida Gransbury et Richard Negus.

Un frémissement parcourut l’assemblée, ponctué de cris de stupéfaction. Quant à moi, je me creusais désespérément la cervelle pour tenter de deviner quelles pouvaient être ces trois personnes. Pas Jennie Hobbs, puisqu’à ce moment-là elle était en chemin vers le Pleasant’s. Alors qui ?

— Poirot, dis-je avec une certaine nervosité. Affirmez-vous que trois personnes ont usurpé l’identité des victimes afin de faire croire qu’elles étaient encore en vie quand la collation fut servie ?

— Presque, mais pas tout à fait. Elles furent deux à se faire passer pour deux des victimes. La troisième, Ida Gransbury… était malheureusement la vraie Ida Gransbury, j’ai le regret de le dire. Monsieur Bobak, vous rappelez-vous les propos que vous m’avez rapportés après les avoir entendus par mégarde dans la chambre 317 au moment où vous serviez la collation ? Je m’en rappelle très précisément, car vous m’en avez
par deux fois rendu compte. M’en voudriez-vous si je les répétais maintenant dans l’intérêt général ?

— Non, monsieur, nullement.

— Merci. À votre arrivée, vous avez trouvé les trois victimes apparemment en vie et discutant de connaissances communes. Vous avez entendu Harriet Sippel, ou la femme que l’homme présent dans la chambre appelait ainsi, dire « Elle n’avait pas le choix. Ce n’est plus à elle qu’il se confie. À présent elle ne l’intéresse plus, elle se laisse aller, et elle est assez vieille pour être sa mère. Non, si elle voulait découvrir ce qu’il avait dans le cœur, elle n’avait pas d’autre choix que de recevoir la femme qui reçoit à présent ses confidences, pour lui parler. »

» Sur ce, l’homme qui se trouvait dans la pièce s’est détourné de vous et du plateau que vous aviez apporté pour dire : “Voyons, Harriet, allez-y doucement. Vous savez qu’Ida se choque pour un rien.” Ai-je été précis jusque-là, monsieur Bobak ?

— Tout à fait, monsieur.

— Vous m’avez dit alors qu’Ida ou Harriet avait dit quelque chose dont vous ne vous rappeliez pas, puis l’homme supposé être Richard Negus a répliqué : « Ce qu’il avait dans le cœur ? À mon avis, il n’a pas de cœur. Et quand vous dites qu’elle est assez vieille pour être sa mère, je ne suis pas du tout d’accord. Mais alors pas du tout. » Sur ce, la prétendue Harriet a ri, et elle a dit : « Eh bien, puisqu’aucun de nous ne peut prouver qu’il a raison, convenons au moins que nous ne sommes pas d’accord ! » Est-ce bien ça ?

Rafal Bobak confirma d’un hochement de tête.

— Bien. Puis-je vous suggérer, monsieur Bobak, que la remarque faite par Ida ou par Harriet et dont vous ne vous souvenez pas fut faite par Harriet ? Je suis convaincu, absolument convaincu, que vous n’avez pas entendu Ida Gransbury prononcer un seul mot pendant que vous étiez dans cette chambre, et
que vous n’avez pas non plus vu son visage, car elle était assise dos à la porte.

Bobak réfléchit un instant, l’air très concentré.

— Vous avez raison, monsieur Poirot, reconnut-il. En effet, je n’ai pas vu le visage de Mlle Ida Gransbury. Et… je ne crois pas l’avoir entendue parler, maintenant que vous m’en faites la remarque.

— Vous ne l’avez pas entendue parler pour la simple raison qu’Ida Gransbury, installée dans un fauteuil dos à la porte, avait déjà été tuée à 19 h 15. Quand vous avez apporté cette collation dans la chambre 317, la troisième personne présente dans cette pièce était une morte !

BOOK: Meurtres en majuscules
11.21Mb size Format: txt, pdf, ePub
ads

Other books

The Romance by M. C. Beaton, Marion Chesney
Everything Unexpected by Caroline Nolan
Awaiting the Moon by Donna Lea Simpson
The Dragon Guardian by Jessie Donovan
The Great Partition by Yasmin Khan
One Realm Beyond by Donita K. Paul