Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (12 page)

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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CHAPITRE 13

Mercredi 17 février 2010, 8 h
 05

 

— Je dois t’emmener à l’hôpital, dit Jessica tout en aidant Lizzy à se lever du trottoir et à rejoindre le
bureau.

— Ça va
aller.

Pourtant, à en juger par ses élancements à la tête et sa douleur aux côtes, elle en doutait
fortement.

Jessica maintint la porte ouverte, puis elle aida Lizzy à contourner son bureau et s’assura qu’elle était bien assise avant de laisser retomber la
pression.

— Oh, mon Dieu ! s’exclama Jessica. Quand j’ai entendu les pneus crisser, j’ai regardé par la fenêtre et je t’ai vue rouler de l’autre côté de la rue. J’étais certaine que la voiture t’avait écrasée. Comme tu n’as plus bougé, j’ai cru que tu étais
morte.

La jeune femme était blanche comme un
linge.

— Jessica, tu dois te
calmer.

— Tu as besoin d’un médecin, déclara Jessica. Cette bosse sur ton front a la taille d’une balle de
tennis.

— Écoute-moi, fit Lizzy. Je voudrais que tu retournes dans ce café pour voir s’il y a des
témoins.

— Trois personnes étaient regroupées autour de toi au moment où je t’ai rejointe, dit
Jessica.

Elle sortit une carte de visite de sa poche
arrière.

— Cet homme m’a donné ses coordonnées et m’a certifié que tu pouvais appeler si tu avais besoin d’aide.

Pleine d’espoir, Lizzy prit la carte de visite. Elle fronça les sourcils. C’était un avocat. S’il avait vu la plaque d’immatriculation ou la conductrice, il ne les aurait pas quittées d’une semelle et les aurait suivies jusqu’à leur
bureau.

— C’est un bon début, assura-t-elle, mais j’ai quand même besoin que tu retournes au café avant que tous les témoins potentiels ne soient
partis.

Jessica fronça le
nez.

— Tu n’as pas reconnu la personne dans la
voiture ?

Lizzy fit la grimace, comme une douleur fulgurante lui traversait le
crâne.


 Non.

— Je ne pense vraiment pas que ce soit judicieux de te laisser seule pour l’instant. Tu n’as pas bonne mine. Tu as perdu
connaissance.

— Je vais
bien.

Lizzy tendit le doigt vers la
sortie.

— Va vérifier. Maintenant. S’il te
plaît.

Le regard de Jessica se braqua sur la porte avant de revenir vers
Lizzy.

— C’est
bon.

Lizzy entreprit de se lever de son
siège.

— J’irai moi-même.

Jessica fut sur la porte avant que Lizzy ait pu bouger d’un autre
centimètre.

— Eh bien, on peut dire que tu es sacrément têtue. J’y vais. J’y
vais.

Jessica sortit et ramassa le gobelet en polystyrène vide, qui roulait toujours sur la chaussée, avant de se rendre au
café.

Lizzy lâcha un chapelet de noms d’oiseau en se levant et se traîna vers les toilettes pour évaluer les dégâts. La bosse sur son front était loin d’être aussi grosse que Jessica l’avait décrite, mais c’était bien la pire de ses blessures. Elle lava ses plaies et appliqua de la pommade sur une demi-douzaine d’égratignures.

Le téléphone sonna au moment où Jessica revenait. Lizzy sortit des toilettes en
boitillant.

Jessica avait décroché. Le combiné contre sa poitrine, elle articula silencieusement des mots que Lizzy ne parvint pas à déchiffrer. Lizzy prit alors l’appareil et le colla à son oreille tout en se rasseyant avec précaution dans son
fauteuil.

— Ici Lizzy Gardner. Que puis-je faire pour
vous ?

Elle jeta un œil à sa montre. La première heure de sa journée lui donnait déjà l’impression d’avoir duré une semaine. C’était Victor, l’homme qui n’acceptait pas qu’on lui dise
non.

— Que puis-je faire pour vous, Victor ? demanda-t-elle à nouveau, après un long silence de son
côté.

Apparemment, il voulait qu’elle surveille sa femme, une certaine Valerie Hunt, entre midi et une heure tous les jours pendant les deux prochaines semaines. Valerie travaillait pour un cabinet d’avocats à Carmichael, à moins de vingt-cinq kilomètres du bureau de
Lizzy.

— D’accord, je le ferai, dit-elle après qu’il lui eut promis de la payer trois mille dollars en
liquide.

L’argent lui serait envoyé à son bureau vers la fin de la journée. Dix heures de travail pour trois mille dollars. Elle ne pouvait pas
refuser.

— Oui, acquiesça-t-elle au téléphone, tout en levant lentement le bras pour s’assurer qu’il fonctionnait
toujours.

La douleur oscillait entre intolérable et insoutenable. Elle
grimaça.

— Je comprends. Vous appellerez régulièrement le bureau pour avoir un rapport. Oui, répéta-t-elle tout en faisant les gros yeux, ce qui fit sourire Jessica. J’ai le devoir de respecter votre confidentialité. Je suis une professionnelle. En outre, vous ne m’avez pas expliqué grand-chose et vous payez en liquide. Je n’ai jamais vu votre visage et votre numéro est
masqué.

Ce dernier détail était un mensonge. Depuis que les fédéraux avaient placé son bureau sous écoute la veille, Lizzy savait pertinemment qu’ils seraient capables de retracer l’appel sur la boîte noire posée à côté de son téléphone. La lumière rouge clignotait déjà. Mais il n’était pas nécessaire d’en parler à Victor et risquer de perdre les trois mille dollars. Elle avait toujours besoin de faire des bénéfices. Et elle ne voulait plus emprunter d’argent à sa sœur − sans compter que Cathy ne lui en prêterait sans doute plus, maintenant qu’elles étaient
brouillées.

Lizzy aurait parié ses bottes préférées que Victor utilisait une fausse identité. Quand bien même ! Une fois que Victor l’eut enfin saluée avant de raccrocher, elle posa le combiné sur son boîtier et s’enfonça dans son
fauteuil.

— Cet homme est agaçant, tu ne trouves pas ? dit Jessica. Je lui ai expliqué que tu étais sortie, mais il a dit qu’il attendrait… comme s’il savait que tu n’étais pas loin. Penses-tu que ce Victor nous
observe ?

Lizzy se tourna si vivement vers la fenêtre que, dans son élan, elle se tordit le cou et blessa ses côtes contusionnées. Ses yeux volèrent d’immeuble en immeuble, de toit en toit, puis de fenêtre en fenêtre, tandis qu’elle cherchait le moindre mouvement ou signe prouvant que quelqu’un les espionnait à travers des stores ou des
rideaux.

Jessica s’avança à côté d’elle et regarda à son tour par la
fenêtre.

— Tu penses vraiment qu’il est dehors ? Tu crois qu’il est en train de nous observer, n’est-ce
pas ?

Jessica se mordait la lèvre inférieure. Son froncement de sourcils s’accentua
légèrement.

— Pourquoi la femme dans cette Jeep a-t-elle essayé de t’écraser ?

— J’ignore qui elle est, mais je ne pense pas qu’elle essayait de me tuer. Si c’était le cas, elle aurait facilement pu m’enlever.

— Elle portait une casquette de base-ball, c’est
ça ?

— Oui, dit Lizzy. Tu l’as
vue ?

— Oui. Je l’ai vue dans le café juste après que mon frère m’y a déposée. Elle n’était pas maquillée. Je dirais qu’elle a une quarantaine d’années.

— Est-ce que quelqu’un d’autre l’a vue de
près ?

— La seule personne qui s’en est souvenue était la dame derrière le comptoir. Elle a dit que la femme à la casquette de base-ball avait commandé de la confiture de lait saupoudrée de caramel. Personne d’autre ne l’a
remarquée.

— Merci,
Jessica.

Lizzy fit pivoter son fauteuil derrière son bureau et retourna à son
ordinateur.

— Cette même femme était garée devant mon appartement hier. Elle n’est pas très douée pour se cacher. J’apprécierais que tu m’aides à la surveiller, d’accord ?

— Si je vois à nouveau sa voiture, j’essaierai de relever son numéro de
plaque.


 Parfait.

En attendant que son écran s’allume, Lizzy se tourna vers
Jessica.

— As-tu l’intention de rester ici toute la
journée ?

— Toute la semaine, si tu as besoin de
moi.

— Et tes
cours ?

— Non. Je n’ai pas à revenir à l’école avant le milieu de la semaine
prochaine.


 Super.

Ce n’était pas encore les vacances de printemps, mais comme elle ne voulait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas, Lizzy décida de ne pas
insister.

Jessica attrapa un rouleau d’essuie-tout au sommet de l’étagère qui longeait le mur derrière le bureau de Lizzy. Elle lui tendit quelques feuilles en lui montrant les taches de café sur son
manteau.

Lizzy essuya sa veste, mais la majeure partie du liquide avait déjà été absorbée. Elle jeta la serviette dans la poubelle et se baissa vers son sac à dos posé par
terre.

Alors que Jessica parcourait le courrier de la veille, Lizzy ouvrit la fermeture à l’avant de son sac et en sortit une feuille de
papier.

— J’ai une mission pour toi, dit-elle à
Jessica.

Elle posa la feuille sur son bureau tout en la défroissant du plat de la
main.

— Il nous faut découvrir le maximum de choses sur ces
filles.

Jessica interrompit ce qu’elle faisait et vint se pencher sur l’épaule de Lizzy. La jeune femme
sursauta.

— Qu’y a-t-il ? demanda
Lizzy.

Jessica parut déstabilisée, son visage avait blêmi, mais elle prit une profonde inspiration et tendit le doigt vers le dernier nom sur la
liste.

— C’est la jeune Sophie Madison qui a récemment
disparu ?

Lizzy hocha la
tête.

— Voilà qui explique tout l’attirail, dit Jessica en montrant la boîte noire près du téléphone. Est-ce que tu collabores avec la
police ?

Lizzy désigna le siège qui était rangé contre le
mur.

— Installe-toi. Il faut que nous ayons une petite
discussion.

Jessica tira la chaise, s’assit et
attendit.

— Il y a quatorze
ans…

— Tu as été kidnappée, la coupa
Jessica.

Lizzy haussa un
sourcil.

— Je n’étais qu’une enfant à l’époque, expliqua Jessica. J’aimais jouer avec les voisins d’à côté. Chaque fois que je quittais la maison, maman me disait d’être prudente, et elle me rappelait comment toi et ces autres filles aviez été enlevées sans ne plus jamais revenir. Sauf toi, bien
sûr.

— Est-ce que ta mère sait que tu travailles pour
moi ?

Jessica fit un geste
vague.

— Maman a ses propres problèmes. Elle ne fait plus attention à ce que je
fais.

Elle haussa les
épaules.

— Elle a hâte que mon frère aîné et moi nous prenions notre envol pour lui laisser un peu d’espace.

Lizzy hocha la
tête.

— Si tu ne te sens pas suffisamment à l’aise pour travailler sur ce dossier, je peux le
comprendre.

— Tu plaisantes ? C’est exactement le genre de travail qui m’intéresse. C’est pour ça que je veux un diplôme en psychologie. C’est aussi la raison pour laquelle je t’ai demandé de m’embaucher.

— Bon, très bien, dit Lizzy en regardant autour d’elle pour trouver un espace de travail
dégagé.

Il n’y en avait
aucun.

— Je vais débarrasser ce coin de mon bureau pour toi. As-tu amené ton ordinateur
portable ?

— Il est au
fond.

— Bien. Nous allons l’installer ici, sur mon bureau, et nous allons passer en revue les moteurs de recherche sur Internet pour trouver tout ce que nous pouvons au sujet de ces filles. Demain, ou plus tard dans la journée si nous avons le temps, nous irons à la bibliothèque pour compulser les vieux articles de journaux. Il nous faut imprimer tous ceux qui traitent des victimes de
Spiderman.

— Que cherches-tu précisément ? demanda Jessica, tandis qu’elle l’aidait à enlever les piles de papiers et de dossiers qui encombraient son bureau pour les poser sur le sol derrière elles. Cherchons-nous des détails, comme la manière dont elles s’habillaient ou les coiffures qu’elles portaient ? Ou nous en tenons-nous aux interviews des amis et de la famille, aux informations de ce
genre ?

— Les deux. Nous voulons apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur chacune des filles : leur poids, leur taille, leur personnalité, n’importe quoi. Quatre d’entre elles sont considérées comme des victimes de Spiderman, mais les quatre autres sont toujours officiellement disparues puisque leurs corps n’ont jamais été
retrouvés.

Jessica parcourut de nouveau la liste, en silence. Encore une fois, les larmes semblèrent lui monter aux
yeux.

— Ça ne va
pas ?

— Si, répondit Jessica d’un ton un peu précipité. Je vais
bien.

La jeune femme était mystérieuse. Une minute plus tôt, Jessica ne cessait de jacasser, et l’instant d’après, voilà qu’elle était silencieuse et évasive. Lizzy devait se concentrer sur la recherche de Sophie et elle décida une fois de plus de ne pas creuser
davantage.

— Si l’une des filles de la liste suivait des cours de danse, dit-elle à Jessica, je veux connaître où et quand. Je veux les noms de chaque professeur, entraîneur, copine, petit ami, coiffeur, endroit qu’elles aimaient fréquenter. Il me faut également une liste exhaustive de tous les médecins avec lesquels ces filles sont entrées en
contact.

— Penses-tu que les parents des victimes accepteront de nous
parler ?

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