Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (5 page)

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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Brit35 : je suis

i2Hotti : ça va
pas ?

Brit35 : j’ai un appareil
maintenant

Brit35 : j’ai l’air d’un
monstre

Brit35 : je veux pas que tu me
voies

i2Hotti : j’aime les filles qui ont un
appareil

Brit35 :
menteur

Brit35 :
attends

Brit35 : je vais fermer la
porte

Brit35 : je
re

i2Hotti :
re ?

Brit35 :
LOL

Brit35 : « je
reviens »

Brit35 : tu vois, déjà de
retour

i2Hotti : c’était rapide. tes parents se disputent
encore ?

Brit35 :
oui

i2Hotti :
pourquoi ?

Brit35 :
lizzy

i2Hotti :
lizzy ?

Brit35 : ma
tante

i2Hotti :
pourquoi ?

Brit35 : papa pense qu’elle est
tarée

i2Hotti : et que pense ta
mère ?

Brit35 : maman veut l’aider

i2Hotti : et
toi ?

Brit35 : je l’aime
bien

Brit35 : c’est super fun d’être avec
elle

i2Hotti : je veux être avec
toi

Brit35 : mes parents n’aimeraient pas
ça

i2Hotti : ils sont pas obligés de le
savoir

Un
silence

I2Hotti : tu y
réfléchis ?

Brit35 : je ferais mieux d’y
aller

i2Hotti : demain soir, même
heure ?

Brit35 : je serai

i2Hotti : fais de beaux
rêves

 

Brittany se déconnecta et se dirigea vers sa fenêtre. Elle n’avait pas vraiment eu envie de clore sa conversation avec i2Hotti, mais elle entendait sa mère marcher à l’étage. Sa mère aimait jeter un œil de temps en temps pour voir ce qu’elle faisait. Elle n’autorisait pas Brittany à fermer sa porte à clé. Si sa mère savait qu’elle parlait avec un garçon plus âgé, elle deviendrait
folle.

Brittany avait rencontré i2Hotti sur Internet un mois plus tôt. Elle ne l’avait jamais rencontré en personne, mais il lui avait envoyé une photo après l’avoir demandée en amie sur Facebook. Si elle risquait les ennuis en discutant avec lui, ça en valait la peine. Il était vraiment
sexy.

Elle ne comprenait pas pourquoi il l’aimait bien. Elle n’était pas belle. Ce n’était pas le genre de fille qui se remarquait dans une foule, même si sa mère lui disait qu’elle avait une beauté naturelle et qu’elle pourrait facilement être mannequin − c’est ce que prétendent toutes les
mères.

Dehors, le vent soufflait si fort que Brittany craignait que le chêne de devant vienne s’abattre sur la maison. Elle scruta les ténèbres, observant la rue en contrebas pour voir si le 4x4 était revenu. Les trois soirs précédents, elle avait remarqué un homme assis dans un 4x4 bleu, garé de l’autre côté de la rue. Elle se frotta les bras, satisfaite de constater qu’il n’était pas là. Elle se demandait s’il était possible que ce soit M. Sullivan. La prochaine fois qu’elle verrait la voiture, elle avait l’intention de noter son signalement pour la comparer avec celle de M. Sullivan.
Flippant.

 

 

Lundi 15 février 2010, 21 h
 32

 

Il regarda sa montre. Il était temps de retourner auprès de Sophie. Juste un dernier coup d’œil avant de partir. La lumière était éteinte. Il savait qu’elle était chez elle.
Allez, montre-toi.
Quel dommage que sa chambre soit à l’étage. Ce ne serait pas une mince affaire quand viendrait le moment de l’emmener chez lui. Il aimait les défis. L’enlèvement de Sophie avait été décevant, mais elle ne tarderait pas à se réveiller et il voulait être là quand elle ouvrirait les
yeux.

Une vague d’excitation déferla en lui lorsqu’il se remémora la première fois qu’il avait pris conscience du rôle qu’il pouvait jouer. C’était vingt et un ans plus tôt. Tout était devenu limpide et il avait enfin compris le but de son existence. Il était en dernière année de lycée − et essayait tant bien que mal de laisser son passé derrière lui − quand le destin avait frappé à sa porte en lui permettant d’assister à la mort de Shannon. Ce jour-là, il avait vu la
lumière.

À l’époque, Shannon Winters, élève de deuxième année, était la fille de ses rêves. Elle occupait ses moindres pensées. Comme il voulait l’impressionner, il avait patiemment appris tout ce qu’il pouvait à son sujet : son plat préféré, sa musique favorite, ce qu’elle aimait faire pendant ses temps libres, etc. Une fois qu’il estima suffisamment la connaître, il l’attendit après les cours. Elle empruntait toujours le raccourci derrière l’école, coupant par le terrain de base-ball avant de passer par la ruelle pour rentrer chez elle. Il se posta dans la ruelle pour la surprendre avec des fleurs et son bonbon préféré. Sa mine s’assombrit quand elle le vit, et il se sentit déstabilisé. Puis elle se détendit et lui dit qu’il pouvait garder les fleurs, qu’elle ne voulait pas ramener le bouquet chez elle. Elle lui prit des mains le bonbon dur, sa gourmandise préférée, et le fourra dans sa
bouche.

Il lui annonça qu’il avait quelque chose d’important à lui demander, mais elle poursuivit son chemin. Elle était presque arrivée chez elle et elle n’avait pas ralenti le pas. Il l’avait suivie de près. Il était nerveux, ses paumes étaient moites. Mais il s’était préparé pendant trop longtemps pour abandonner, alors il se lança et lui déclara ce qu’il ressentait pour elle. Puis il lui demanda si elle accepterait d’aller au cinéma avec
lui.

Cette dernière phrase semblait avoir fonctionné, car elle s’arrêta enfin et se retourna. Mais le regard qu’elle lui lança était chargé de mépris. Bientôt, ses gloussements agaçants se changèrent en un rire
retentissant.

Elle se moquait de lui. Elle riait si fort qu’elle commença à s’étouffer avec son bonbon. Il ne pouvait pas le croire. Il lui avait acheté cette grosse friandise ronde parce qu’il était amoureux d’elle, et voilà qu’elle était en train de s’étouffer avec. D’abord, il crut que le bonbon allait jaillir de sa bouche, la bouche qu’il avait tant rêvé d’embrasser avec la langue. Alors qu’il pensait que le bonbon finirait par ressortir, il vit son visage virer au rouge. Il savait qu’elle lui reprocherait sans doute de ne pas l’avoir aidée.
Tant
pis.

Au lieu de se sentir furieux ou effrayé, il trouvait cette situation fascinante. Il aimait tout particulièrement la façon dont ses grands yeux marron sortaient de leurs orbites comme la panique s’installait. Il crut rêver lorsqu’elle désigna sa gorge. Cette salope voulait qu’il fasse quelque chose pour elle. Elle voulait qu’il l’aide après s’être moquée de lui et l’avoir humilié. C’est alors que cette terrible scène commença à lui chatouiller l’estomac et le bas-ventre. Il eut bientôt une érection. Plus son visage devenait cramoisi, et plus il était dur. Il ne pouvait presque plus tenir. Puis la peau de la jeune fille prit une teinte bleutée, en une déclinaison de trois nuances de violet. Elle produisait d’étranges gargouillis qui lui donnaient envie de retirer le bonbon pour fourrer autre chose dans sa bouche. Il était bouillant. Rien n’avait jamais eu un tel effet sur lui auparavant. Ni le porno sur Internet, ni les magazines
Playboy
de son père, rien. Au moment où elle empoigna sa chemise et où ses yeux faillirent sauter de leurs orbites, il était aussi dur que du granit. Elle venait de mourir juste sous ses
yeux.

Il n’avait jamais oublié
Shannon.

CHAPITRE 5

Lundi 15 février 2010, 21 h
 36

 

Lizzy se pencha sur son volant pour essayer de ne pas perdre des yeux le marquage au sol. La route était sinueuse et glissante à cause de la bruine. Le brouillard et le ciel noir sans étoiles n’amélioraient pas sa visibilité. Elle se rangea au bord du trottoir, alluma le plafonnier et consulta une nouvelle fois la
carte.

Ses vitres avaient beau être fermées, Lizzy entendait quand même dans le lointain la circulation continue sur les quatre voies de l’autoroute. Elle regarda à travers le pare-brise devant elle et plissa les yeux pour déchiffrer le panneau indiquant le nom de la rue. Vermont
Street.

Un air froid s’infiltrait par tous les interstices de sa voiture. À bientôt,
Elizabeth
. Sa voix ne cessait de résonner dans son subconscient. Qu’il aille au diable. Elle ne voulait pas penser à l’appel téléphonique qu’elle avait reçu. Elle ne voulait pas penser à
lui
. Spiderman n’était pas revenu. Il ne pouvait pas revenir. Il était mort ou en
prison.

L’air de
Louie Louie
se déclencha dans le sac à dos qui contenait ses affaires et qu’elle transportait partout avec elle. Elle secoua la tête en entendant sa nouvelle sonnerie. Brittany, sa nièce, aimait lui faire des farces, comme régler l’alarme de son téléphone portable à des heures improbables ou programmer des chansons amusantes à la place de sa sonnerie. Elle fouilla dans son sac jusqu’à mettre la main sur son téléphone, tout au fond. C’était sa
sœur.

— Salut, Cathy. Quoi de
neuf ?

— Où es-tu ?

Bon sang. Cathy la surveillait. Elle savait que Cathy serait inquiète, mais elle ne pouvait pas lui
mentir.

— Perdue à
Auburn.

— J’ai vu l’alerte enlèvement. C’est pour ça que tu es là-bas, n’est-ce
pas ?

— C’est passé aux infos ? demanda Lizzy. Zut. J’espérais y arriver avant tout le
monde.

— Je t’interdis de visiter la scène de crime,
Lizzy.

Lizzy
renifla.

— On dirait
papa.

— Pourquoi fais-tu
ça ?

— Parce que c’est Jared Shayne qui est responsable de l’affaire et qu’il m’a appelée pour m’annoncer que le ravisseur avait laissé un mot à mon intention. Soit Spiderman est de nouveau à l’œuvre, soit je suis très populaire dans la communauté des tueurs en
série.

Un
silence.

— Je suis une grande fille, sœurette. Je tiens tous les jours mon journal intime, ajouta-t-elle d’un ton ironique. Je peux gérer
ça.

— Ne prends pas ce ton condescendant avec
moi.

Déjà vu. C’était comme si son père s’exprimait à travers sa
sœur.

— Bon, tu as raison, dit Lizzy. Je suis désolée. Mais si Spiderman est de retour et qu’il m’écrit personnellement, je ne peux pas vraiment laisser tomber ces gens, tu ne penses
pas ?

— Je suis désolée pour cette jeune fille, sincèrement. C’est tragique, mais tu ne peux pas t’infliger ça, ni à toi, ni à nous. Tu as fait des progrès formidables au cours des dix dernières années, Lizzy. Ce n’est pas parce que tu es la seule à t’en être sortie que tu es éternellement redevable à la société et à ses victimes. Tu as fait ta part, Lizzy. Tu as fait tout ce que tu as pu. C’est
terminé.

Mais je n’ai pas sauvé la fille sans voix.
Et merde, songea Lizzy. Au moindre son qu’elle ne parvenait pas à identifier, le visage de la fille surgissait dans son esprit : de grands yeux marron et cet atroce hurlement rauque. Elle ferma brutalement les paupières pour chasser ces
images.

— Cathy, écoute-moi. Je peux gérer ça. Ça va
aller.

Pourtant, au fond, même Lizzy était loin d’en être
convaincue.

Un autre silence s’installa, interminable et pesant, avant que Cathy ne reprenne la
parole :

— Et
vendredi ?


 Quoi ?

— Brittany a hâte de te
voir.

— Rien au monde ne pourrait m’empêcher de récupérer ma nièce préférée après l’école pour passer la soirée avec
elle.

— C’est ta
seule
nièce.

— Et ma
préférée.

Lizzy regarda la carte sur ses genoux et se rendit compte qu’elle était plus proche qu’elle ne le pensait. Elle s’écarta du trottoir et tourna à gauche sur Piccadilly. Elle aperçut la maison au bout de l’impasse. Avec toutes les lumières clignotantes des véhicules d’urgence, difficile de la rater. Une rangée de voitures de police tenait lieu de barricade et trois berlines banalisées occupaient la majeure partie du trottoir. Elle se gara sur le bas-côté et coupa le
moteur.

— Je dois y aller, Cathy. Je te rappelle
bientôt.

Elle éteignit son téléphone et le laissa tomber dans son sac. À l’extérieur, une épaisse brume s’accrochait au sol. Les voisins la lorgnèrent à travers leurs rideaux lorsqu’elle passa. Comme elle s’approchait de la maison des Madison, elle se surprit en train de songer que le ravisseur avait sans doute emprunté le même
chemin.

Les branches des arbres bruissaient sous le vent. Les poils se hérissèrent sur sa
nuque.

Il y avait quelques buissons épars autour du périmètre, mais aucune clôture ni haie derrière laquelle il aurait pu se cacher. Pourquoi avait-il choisi ce quartier ? Au sommet d’une colline ? Avec une seule route de repli ? Avait-il une voiture ? Un complice ? Elle avait assisté à suffisamment d’affaires de ce genre, du début à la fin, pour savoir que le ravisseur avait certainement une petite vingtaine ou une trentaine d’années, à moins qu’il ne s’agisse de Spiderman, auquel cas il devait plutôt approcher des quarante
ans.

Si c’était un tueur en série qui avait enlevé la fille, il était peu probable qu’il soit marié, d’après les statistiques. La plupart de ces assassins étaient dérangés, solitaires et renfermés. Et pourtant, il existait toujours des exceptions à la règle. Une chose était certaine : si le coupable avait choisi une habitation au sommet d’une côte et sans arbres derrière lesquels se mettre à couvert, alors cela voulait dire qu’il l’avait bien étudiée, y compris son voisinage, auparavant. Il avait sûrement passé tellement de temps ici qu’au moment d’entrer par effraction dans la chambre de la jeune fille, il se sentait extrêmement confiant et maître de son
environnement.

Les propriétés qui longeaient l’impasse étaient toutes identiques ; chacune disposait d’un carré de pelouse et d’une allée étroite conduisant à la maison. Lizzy était parvenue jusqu’au porche sans se faire interpeller, mais elle n’alla pas plus loin. Un jeune policier musclé et trapu, d’environ un mètre soixante-dix et à la mâchoire carrée, était posté devant la porte d’entrée. Il refusa de lui laisser jeter un bref coup d’œil à l’intérieur des
murs.

Elle lui montra sa licence de détective privée sans parvenir à l’impressionner. C’est alors que Jared fit son apparition dans l’embrasure de la
porte.

En le voyant, elle en eut presque le souffle coupé. Jared était beau dans son costume foncé, sa chemise blanche impeccable et sa cravate sombre. La tenue de rigueur chez les fédéraux. Il aurait dû se fondre avec les autres agents qui passaient les lieux au peigne fin, mais ce n’était pas le cas. Il sortait du lot, comme Gerard Butler dans un bar gay − ou dans n’importe quel bar, d’ailleurs.

— C’est moi qui ai réquisitionné Mme Gardner, expliqua Jared au policier. Laissez-la
passer.

Elle entra la tête haute, non sans gratifier le cerbère d’un petit regard de triomphe sur son
passage.

Si de l’extérieur, la maison donnait l’impression d’avoir besoin d’une nouvelle couche de peinture, l’intérieur était particulièrement propre et bien soigné. Il semblait avoir récemment été redécoré, avec un parquet en bois et un luxueux mobilier de salon en noyer sombre garni de coussins, sortis tout droit d’un catalogue de Crate & Barrel. Sur sa gauche s’ouvrait le séjour. Une femme, vraisemblablement la mère de la fille disparue, était assise sur un canapé surdimensionné couvert d’une élégante housse à rayures bleu marine et blanches. Elle lui parut vaguement familière, mais Lizzy ne parvenait pas à mettre un nom sur son
visage.

Un agent − ou un inspecteur de police, elle n’en était pas sûre − avait pris place sur une ottomane en face de la femme. Un stylo et une feuille à la main, il prenait des notes. À droite de Lizzy se trouvait la cuisine, où deux techniciens de scènes de crime relevaient des empreintes en appliquant de la
poudre.

Jared fit signe à Lizzy d’entrer. Puis il referma la porte et marqua une pause pour mieux la regarder avant de lui
souffler :

— Merci d’être
venue.

Que pouvait-elle répondre à ça ?
« Merci de m’avoir invitée » ne semblait guère approprié étant donné les circonstances. Elle se contenta de hocher la tête et
dit :

— Ce n’est
rien.

Elle posa les yeux sur la pièce d’identité épinglée sur sa poche de
devant :

— Agent spécial. Je l’ignorais.

— C’est compréhensible, nous ne nous sommes pas parlé depuis un bout de
temps.

Elle crut déceler une pointe d’amertume dans sa voix et s’en étonna, même si ce n’était somme toute pas surprenant. Elle l’avait laissé tomber à deux reprises. Après sa disparition, il avait immédiatement remis à plus tard son entrée à l’université pour participer activement aux recherches. Ses parents lui avaient raconté qu’il avait passé chacune de ses journées au centre de bénévoles, pendant les deux mois qu’avait duré sa séquestration, pour répondre au téléphone, distribuer des tracts et appeler les médias afin de s’assurer qu’ils ne l’oublient pas. Puis, contre toute attente, elle était revenue et l’avait chassé de sa vie comme un vilain kyste cancéreux. Les flash-back, les horribles cris d’angoisse, la torture, la mutilation, le sang : à l’époque, les images ne cessaient d’affluer − elles l’étouffaient. Craignant d’être en train de perdre l’esprit, elle avait alors demandé à Jared de partir à l’université, de se construire une vie et de la laisser
seule.

Après plusieurs mois de rebuffades, il avait fini par
céder.

Pendant les dix années suivantes, Lizzy avait dangereusement flirté avec la folie. Et sans se mentir à elle-même, elle savait qu’elle était encore dans un état limite ; seulement maintenant, tout ce qui lui était arrivé lui paraissait flou… sauf quand elle dormait. Dans son sommeil, les ombres et les visages réapparaissaient, et de façon suffisamment nette pour l’empêcher de passer une bonne nuit de repos et avancer un peu plus chaque jour. En voyant Jared ce soir-là, elle regrettait que leur relation se soit déroulée ainsi. Mais c’est la vie. Ce sont des choses qui
arrivent.

Jared se dirigeait vers l’arrière de la maison. Elle le suivit. Il avait toujours de belles fesses. Et elle se souvenait encore de leur fermeté sous ses doigts quand ils avaient fait l’amour pour la dernière fois, il y avait tant d’années de cela. Elle pouvait facilement compter le nombre de relations sexuelles qu’elle avait eues depuis − sur les doigts d’une seule main. Les rares types qu’elle avait fréquentés n’avaient pas mis longtemps à se rendre compte qu’elle avait des « problèmes » à régler avant de pouvoir s’engager dans une relation sérieuse. Revoir Jared lui rappelait que personne ne pourrait jamais se comparer à lui. Apparemment, l’âge lui réussissait.
Pathétique.

— Je peux voir le
mot ?

— Par ici, dit-il.

Il lui avait répondu sans se retourner et continuait de marcher d’un pas assuré. Une chose était claire : il ne l’avait pas invitée pour bavarder. Ce n’étaient pas des retrouvailles. Il agissait en professionnel. Sans doute avait-il une femme, deux enfants et une maison entourée d’une clôture blanche. Ça ne la regardait pas, mais cette pensée lui noua l’estomac.

Les épaules bien droites, elle le suivit dans le couloir, jusque dans la chambre tout au bout. Un autre agent du FBI était à l’intérieur, l’oreille collée à son téléphone portable. Il mesurait quelques centimètres de plus que Jared et était plus vieux d’au moins deux décennies. Il la salua d’un signe du menton. Il était sans doute au courant de son arrivée, car il tendit une note à Jared, scellée dans un sac en plastique, avant de reprendre sa
conversation.

Jared transmit le sac en plastique à
Lizzy.

— C’est Jimmy Martin. Il a quelques questions à te poser, si tu n’y vois pas d’inconvénient.

Lizzy regarda le sac. Ses mains tremblaient et elle essaya de se calmer. Elle ne s’était pas vraiment permis de penser au message jusqu’à cet instant. Si son enlèvement et les pires actes de cruauté qui s’en étaient suivis lui avaient appris quelque chose, c’était comment enfouir tout le merdier, le refouler et prier pour qu’il ne refasse jamais
surface.

Comme elle n’était pas prête à lire le mot, elle se concentra sur la chambre. Les murs étaient peints en bleu pervenche, à l’exception du mur autour de la fenêtre, mis en valeur par une curieuse teinte chartreuse. L’encadrement de la fenêtre était d’un blanc pur, et toutes les couleurs se combinaient pour donner à la pièce une allure dynamique et agréable. Brittany aurait adoré cette chambre. Il y avait une coiffeuse intégrée, avec tout l’espace nécessaire pour le maquillage et autres accessoires. Dans le coin se trouvait un bureau avec une large surface de travail et trois tiroirs de rangement profonds. Sur le plafond couraient deux rangées de lampes, dont les ampoules halogènes diffusaient dans la chambre une lumière blanche éthérée qui contrastait fortement avec les événements qui s’y succédaient depuis vingt-quatre heures. La couverture du lit, en tissu alvéolé blanc, était roulée en boule sur le côté. Des coussins étaient éparpillés sur le sol, dans des nuances de bleu, chartreuse et blanc. Sur une table de chevet se trouvaient plusieurs magazines pour adolescentes, ainsi qu’un sachet de chips ouvert. Un tableau aimanté affichait une ribambelle de rubans et de récompenses, que la jeune fille avait gagnés lors de ses diverses activités scolaires. Devant la fenêtre tombaient des stores romains modernes, surmontés par des cantonnières arrondies taillées dans un tissu à carreaux qui reprenait toutes les couleurs de la
chambre.

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